Scénario : François Ravard
Dessin : James
Chères élites semble être adressé à une espèce en voie de disparition (mais nous n’en avons pas encore les preuves). Ces gens qui ne jurent encore et toujours que par le capital ont quelques obscénités en réserve. Leur attitude porte à rire et les auteurs de cette Bande Dessinée se sont attelés à en rendre compte avec succès. Risibles postures, risibles réparties, risibles et tristes pensées à propos de ce monde qui nous voit d’en haut. Ravard & James jouent sur toute une gamme de considérations qui ne reposent que sur l’argent. Caprices, enfantillages, cynisme, tout y passe, qu'ils soient traders ou aristos, les propos des plus fortunés sont rassemblés dans ce volume consacré à la richesse. Une sorte d’étude du riche que l’on voit tout de même préoccupé par la pauvreté (parce qu'elle agit comme une menace) et que l'on tente d'exorciser en visitant un musée qui lui est consacré ou en organisant une soirée (au bord d’une piscine sur la terrasse d’un building) qui reproduit les codes de la vie populaire.
Un des derniers sketches montre un homme prêt à sauter du toit d’un immeuble. Il a tout perdu (un portefeuille d’un milliard en une seconde), sa vie est foutue, autant sauter. Et voilà qu’on l’encourage, des voix venues d’en bas lui rappelle ce qu’il a été, ses comportements, son esprit carnassier, le fait qu’il ait ruiné des milliers de gens. Il prend alors conscience de ce qu’on lui dit et demande d’arrêter, ne pas être aimé serait une trop bonne raison pour sauter dans le vide. Alternant entre un style rappelant celui de Sempé et un trait plus réaliste, Chères élites est un album vif, inventif, et évidemment caricatural… mais parfois par tant que cela.
VERDICT
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Dans cette compilation de gags souvent plus fins dans leurs mécanismes que dans leur propos, Ravard et James moquent les ultra-riches des villes et des campagnes, les traders et les aristos, les grand-patrons, leurs épousées, leur amis et leur progéniture