De sa cabane, son 'avant-poste sur la beauté du monde', Edouard Cortès, nous invite à 'habiter le monde en poète'. Endetté, naufragé, l’ancien berger vend le cheptel qu’il avait biberonné. Quand la vie se resserre comme un étau, les forces vitales s’amenuisent et l’on en vient à songer à la corde, celle qui congédie un réel devenu fardeau. En fait de réel, notre Alceste congédiera femme et enfants pour conjurer la débandade d’un quotidien en délitement. Sa thébaïde ? Une cabane hexagonale aux vitres ouvertes sur le peuple sylvestre du Périgord Noir. Enforesté, perché dans la cime de son chêne, l’homme peut enfin se mesurer au monde enchanteur qui agite nos forêts. Derrière les frondaisons, l’incessant ballet des pics épeiches, des cerfs, des mésanges, des sittelles nous saisit. Et parce que la forêt infuse le cœur lourd de désespérance, soudain la sève jaillit comme une victoire sur la mort. De taillis, le cœur devient futaie puis clairière : c’est alors que la lumière éclate tandis que l’homme peut enfin renouer avec le monde. Magnifique !

Écrivain, voyageur, journaliste, reporter d’image, aventurier des routes et des hommes, berger, Edouard Cortès est tombé. Comme nous tous, pris par ses rêves et ses doutes, il a peiné à remonter la pente au point de grimper dans un arbre, non pour s’y pendre et y trouver la mort, mais pour y vivre et y trouver la joie ! Traverser le monde mille fois, à pieds en voiture, seul ou avec celle qu’il aime, pour finalement trouver le bonheur en haut d’un arbre juste à côté de lui-même. Quelques longueurs, sans doute dues aux rythmes trop effrénés qui nous empêchent de nous mettre au diapason de la nature et comme pour nous rappeler, sans cesse, d’aller moins vite et de puiser dans la force des arbres ! Excellent moment de simplicité et Dominique Mermoux sublime par son dessin ce récit.