Après l'aventure automnale dans la Somme, l'ancien inspecteur de police Amaury Broyan revient à Paris. Ancien ? Oui. L'homme a été licencié après avoir passé à tabac le fils d'un grand et riche banquier. Le jeune homme avait abusé de sa fille et la prunelle de ses yeux est morte lorsqu'elle a tenté d'avorter. Depuis, Broyan n'est plus lui-même. Il cherche de plus en plus à se rapprocher des milieux nationalistes qui veulent renverser l'ordre établi. Pendant ce temps, l'opéra Garnier de Paris semble hanté. L'année dernière, un lustre détaché a tué une dame assise à la place 13. Et ce soir, on y joue La Damnation de Faust de Berlioz. C'est précisément à cet opéra que le président Fauré veut assister. Heureusement, son garde du corps personnel, le colonel Tréveaux, veille sur le président. Mais Tréveaux semble avoir disparu... pour sauter quelques minutes plus tard du haut de l'opéra, à moitié nu et apparemment drogué. Tel un Jésus crucifié, il pend, mort, au-dessus du public horrifié. Une ombre s'enfuit.

Hiver à l'Opéra poursuit sans peine sur la même voie que son prédécesseur. Le scénariste Philippe Pelaez nous livre un bon thriller policier avec une pointe d'ésotérisme. La part de mysticisme fait merveille dans l'univers onirique de l'art nouveau. Une fois de plus, les dessins d'Alexis Chabert sont la grande surprise de la série, oui, de la série. Après l'automne, voici l'hiver. On suppose que nous aurons droit aux autres saisons avec l'inspecteur Broyan. Les magnifiques aquarelles aérées de Chabert se situent à mi-chemin entre Fabrice Meddour et Gradimir Smudja. Une fois de plus, l'histoire contient quelques easter eggs sympathiques. En ce qui concerne les peintures réutilisées, nous reconnaissons bien sur le Christ de Saint Jean de la Croix de Salvador Dalí, mais il y a aussi une subtile inclusion de Tintin. Le Lotus bleu se trouve dans un kit d'opium et, bien sûr, Bianca Castafiore ne peut manquer dans un opéra de Faust. Amusant.