«César» a été écrit à l'origine comme un scénario de film, le rythme est donc un peu différent de celui des deux premiers volets, créés pour le théâtre. Il s'ouvre vingt ans après les événements de « Fanny » : Panisse est mourant, et sur son lit de mort, fait promettre à Fanny qu'elle dira à « leur » fils Césariot qui est son vrai père. Elle hésite à le faire, car le fils de César est devenu un sujet un peu tabou dans leur entourage : le jeune marin a acquis, avec le temps et les absences, une réputation de mauvais garçon. Il vit désormais à Toulon et possède un garage. Pour ne pas éveiller les soupçons, Césariot décide d'aller rendre visite à son père Marius sous une fausse identité pour découvrir quel genre d'homme il est réellement.

Pagnol a écrit la conclusion de l'histoire de Marius et Fanny après avoir rencontré une dame âgée qui travaillait comme accessoiriste sur son plateau de tournage : elle lui a dit qu'elle ne voulait pas mourir avant de savoir comment l'histoire se terminait réellement, alors il s'est dépêché et a terminé l'histoire ! Lorsque le rideau tombe sur « Fanny », Marius s'en va, réalisant la terrible erreur qu'il a commise et Fanny reste dans son mariage sans passion mais affectueux avec Panisse pour le bien de son fils. Mais qu'arrive-t-il à ce fils ? Apprendra-t-il un jour la vérité ? La conclusion de la « Trilogie Marseillaise » est plus douce – lire moins dramatique – que les deux premiers épisodes : il ne faut pas croire pour autant qu'elle est moins brillamment écrite et profondément émouvante ! Le discours franc de Fanny à son fils, l'humour doux-amer de la dernière confession de Panisse et les retrouvailles touchantes des pères et des fils, dans la poésie rustique unique de Pagnol, sont un régal pour les oreilles et le cœur. Pagnol semble vouloir rappeler que le temps peut panser bien des blessures et garder espoir. Comme dans toutes ses autres œuvres, Pagnol montre ici à quel point il connaissait bien la nature humaine et avec quelle finesse il savait l'écrire : ses personnages ont tous commis des erreurs, aucun d'entre eux n'est irréprochable dans cette histoire, mais nous compatissons avec eux tous, nous connaissons leur combat et leurs regrets. Pagnol a dit un jour que s'il avait été peintre, il n'aurait fait que des portraits, et en lisant ses belles pièces, on comprend exactement ce qu'il voulait dire. Victor Lepointe arrive parfaitement à retranscrire l'ambiance du récit, les dessins sont réalistes et les couleurs froides.