Pierrot, Mimile et Antoine se connaissent depuis leur plus tendre enfance. A présent septuagénaires, les trois complices ont compris que bien vieillir est le seul moyen connu de ne pas mourir. Le premier opus se focalise sur Antoine, qui vient de perdre Lucette (sa femme) avec qui il avait vécu pendant cinquante-quatre ans. Le trio se replonge dans leur souvenir pour oublier la douleur. Le deuxième volet met l'emphase sur Pierrot, le grand-père indigne ayant reçu un colis rempli d'argent, accompagné d'un mot signé Ann Bonny, son grand amour de jeunesse. Dans ce troisième épisode, les auteurs se penchent à présent sur Mimile, un personnage haut en couleurs qui a passé une grande partie de sa vie dans le Pacifique, tantôt en tant que rugbyman, tantôt en explorateur anonyme. L'occasion d'en apprendre beaucoup sur le passé sulfureux de nos trois anciens. Des vies surprenantes bien remplies en bien et en moins bien, et surtout pas toujours très vertueuses. Quant à Berthe, elle avait de quoi être rancunière, la population du village n'a pas été tendre, c'est le moins qu'on puisse dire, avec elle et sa famille. Sophie tentera de la blanchir et de régler leurs comptes à ce trio de pieds nickelés et on en apprend des vertes et des pas mûres.

Les Vieux Fourneaux proposent donc de suivre la trajectoire de trois personnages forts en caractères, qui ont décidé d'organiser un dernier coup d'éclat. Au fil des pages, on découvre leur vie respective, leurs engagements, mais aussi la solidité de leur amitié. Bien sur, l'analyse sociétale n'est pas oubliée, avec une critique à peine masquée de la génération soixante-huitarde qui a oublié ses idéaux et s'est mutée en consommateurs individualistes. Les dialogues sont assez cinglants, quant au style graphique, il demeure assez épuré mais ne sombre jamais dans la caricature. Le trait est semi-réaliste pour ne pas être trop pesant, et met facilement en valeur les émotions humaines.