Dans le cycle précédent Mermaid Project (cinq albums sortis), nous avons déjà fait connaissance avec les deux personnages principaux : Romane Pennac et Brahim El Malik. Ils tombent amoureux et, en couple, ils tentent de démanteler la multinationale Algapower. Algapower est le principal producteur de méthane, mais son véritable objectif est de reprendre les États-Unis et de rendre le pouvoir à la race blanche. Romane et Brahim veulent mettre un terme à l'expérimentation génétique entre l'homme et le dauphin. Lana Okosha apparaît également dans cet album. Elle est colonel dans les forces spéciales de l'ONU et elle est également l'ex-femme de Brahim. Lana propose une nouvelle mission : Des attaques meurtrières de cétacés ont lieu partout dans le monde de manière méthodique et planifiée. De plus, les animaux sont équipés de torpilles. Apparemment, les mutations ont rendu les baleines encore plus intelligentes. La soi-disant White Army est une organisation militaire qui veut affaiblir l'économie mondiale entière par ces attaques avec les baleines. Ils veulent s'associer à Algapower. Leur puissance financière combinée à la puissance militaire de la White Army doit conduire au succès. Ils fournissent des armes aux orques et aux cachalots au Mozambique et en Tanzanie. Romane fait appel à deux anciennes connaissances du Mermaid Project : la fille dauphine mutée Oceane et le dauphin très intelligent Delphis. Ensemble, ils doivent essayer d'arrêter l'Armée Blanche.

Ceux qui ne sont pas familiers avec Mermaid Project fronceront probablement les sourcils en lisant le texte ci-dessus. Des mammifères marins très intelligents qui attaquent avec des armes et sont capables de communiquer avec les humains ? Nous pouvons comprendre que tout cela semble très étrange. Et pourtant, cela fonctionne d'une manière ou d'une autre. L'histoire de Léo semble tirée par les cheveux (et elle l'est en fait) mais nous lisons quand même ce nouvel album avec beaucoup de plaisir. Dans un univers où les rapports de force ont été inversés (les pays du Sud dominent ceux du Nord, les blancs sont devenus la minorité opprimée), la riche zone de pêche au sud de la banquise qui relie Madagascar au continent africain apparaît aujourd'hui menacée par l'émergence d'orques super intelligents équipés de lanceurs de torpilles. Cette bande dessinée d'anticipation surprend par son monde très singulier, marqué par une absence totale de progrès technologique (on peut même parler de régression) et par des avancées biologiques impressionnantes, où les pays du Tiers-Monde ont pris les rênes de la planète. Les dessins sont de grande qualité, toujours signés Fred Simon, et affichent un style semi-réaliste plein de fantaisie. L'environnement dégage une atmosphère très réussie, et affiche un monde un peu plus "normal" que dans la série Retour sur Aldébaran (du même scénariste). Et nous nous habituons même aux longs cous maigres des personnages.