Résumé : Pico se voit déjà écrivain. Ana Ana veut devenir actrice. Norma ne désire pas être actrice mais a la lubie d'être interviewée. Quant à la porte du frigo, inspirée par La Bruyère ou Plaute, elle pense. Dans cette effervescence, Charlie rigole. Mais M. Bogue met un obstacle au premier projet d'écriture de Pico. Ensuite un directeur de casting incompréhensif élimine Ana Ana de sa distribution. Puis Norma se brouille avec sa meilleure amie. Tout va mal jusqu'à ce qu'un fantôme amnésique surgisse. Mais c'est finalement la porte du frigo qui réglera tous les problèmes.

Après avoir devisé sur la violence et le harcèlement l’an dernier, Pico et sa sœur, qui lui vole la vedette dans cet album, reviennent pour confronter l’impitoyable réalité de leur quotidien à leurs aspirations artistiques: écrivain pour l’un, actrice pour l’autre. Leur entourage en subira les conséquences, sans que cela n’affecte la jovialité et la légèreté de la lecture. Une fois encore, le duo mère/fils aux commandes se livre à un numéro d’équilibriste ahurissant de virtuosité pour aborder des thématiques profondes avec subtilité, offrant à des dialogues ciselés des aquarelles onctueuses. En prêtant aux multiples tares de notre société les traits juvéniles de deux éloquents bambins, les auteurs de cette série tapent une nouvelle fois juste et poussent à la réflexion: si l’on peut tout pardonner à une blondinette en culotte courte scotchée à ses doudous, il est plus difficilement concevable de faire preuve de la même magnanimité pour de bougons adultes. C’est là l’un des miracles de cette série : tout aussi incisive que bienveillante, elle donne à sourire de ce qui devrait nous alarmer. « L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme » (Malraux). Quel plaisir que cette douloureuse introspection avec Pico !