Dans un futur lointain, les hommes ont réussi à s'établir sur la Lune. Le satellite de la Terre est présenté comme un nouvel Eldorado où les hommes qui désirent s'y installer ont la possibilité de multiplier par cinq leurs revenus annuels. C'est du moins ce que dit les exploitants de la mine M-Mining 03, mais la réalité est bien différente. L'atmosphère est rance et la tension palpable, surtout lorsque des cadavres mutilés commencent à être découverts. Fait particulier, toutes les victimes portent un inscription BM et sont porteurs de mutations sanguines. Le jeune Benjamin, membre des forces de sécurité de M-Mining 03, est accusé des crimes atroces. Comment va-t-il pouvoir prouver son innocence à 384400 km de la Terre ?

Blood Moon est cette fois une histoire unitaire du Label 619 et qui plus est proposé dans un format rigide, ce qui n'est pas si fréquent. L'intrigue offre une image assez représentative de la colonisation européenne qui eut lieu aux XVIIème et XVIIIème siècles en Amérique du Nord. La différence est que, contrairement aux Européens réticents de l'époque, qui avaient peur de se retrouver dans une terre inconnue, les conditions de vie sur la planète bleue forcent certains à s'y rendre. Ce récit d'anticipation est digne d'un film de science-fiction de série B, mais drôlement efficace. L'histoire est fluide. Dès le début, on connaît les tenants et les aboutissants de l'intrigue, jusqu'au dénouement final. Les personnages sont tout de suite identifiés par leur rôle dans le récit, et c'est ce qui a été l'un des points forts. En effet, comme mentionné ci-dessus, l'histoire linéaire est assez prenante. Les fans du Label 619 ont pris l'habitude de rechercher le pourquoi du comment de chacun de ces récits, car chaque histoire est comme une fable dont on tire une morale. Ben, le personnage principal, un policier très porté sur l'alcool, reste intègre, respecté par ses pairs, et fidèle malgré tout à ses principes. En fait, c'est la scène du verre de whisky qui a été révélatrice de beaucoup de chose : le dernier Samaritain qui reste terre à terre dans cette enquête criminelle spatiale. Que dire de la beauté des dessins ? Oui, on pourrait les comparer à ceux du grand Mignola, mais Bones reste Bones (Dessous). Et là, la coloration est magnifique. Un superbe récit.