L’histoire se déroule il y a plusieurs milliers d’années, à la fin du Néolithique, à une époque où apparaissent les premières cités. Une petite communauté vivant dans un village fortifié est organisée selon une hiérarchie sociale stricte. Dans la cité imaginaire de Miri, Manakor, une servante, est amoureuse de Kaal, le cuisinier de la communauté. Les habitants échangent par la pensée avec leurs ancêtres, appelés « chuchoteurs » qui leur transmettent conseils et enseignements. Manakor, de son côté, passe de longues heures à discuter avec son chuchoteur, l’esprit de sa grand-mère défunte, dont la sagesse et les conseils sont parfois à revoir... L’intrigue pose les bases de l’histoire avec patience, dressant le portrait de Manakor, Kaal et leur entourage. Mais déjà une terrible menace arrive avec le vent.  Alors que les choses s’enveniment peu à peu entre les habitants, un incendie lointain devient brutalement très menaçant et oblige la population à abandonner ses vieilles habitudes.

Ce récit explore les changements liés à la sédentarisation des hommes et les dynamiques sociales au sein de la cité, tout en abordant des thématiques telles que la croyance, le lien familial, l’amour, la jalousie, la passion et l’émancipation. Il invite à réfléchir sur les premières formes d’organisation sociale, avec leurs rapports de domination et leurs grands bouleversements. Les dessins offrent des jeux de couleurs contrastées et mettent en valeur la nature avec ses forêts aux arbres gigantesques et la puissance destructrice du feu. Nicolas Puzenat imagine une fable écologique à une époque préhistorique fantasmée qui, par certains aspects, évoque un monde rural pas si éloigné de notre époque. Les rapports humains face à la nature sont au cœur de cette aventure rythmée qui ne cesse de nous surprendre jusqu’au dénouement final. Le dessin un peu maladroit des premières pages se libère rapidement lorsque la nature devient le théâtre des opérations. On se laisse alors progressivement emporter par l’intrigue et on ferme cet album, étonné par la justesse du récit.