Plus de trente ans après l’avoir quitté, Marcia revient dans son village natal niché dans la montagne. Elle revient s’occuper de sa mère, et assister à l’enterrement du mari de Florence. Au fil des pages, les souvenirs de leur jeunesse remontent. La soif de Florence qui était prête à parcourir le monde, le départ précipité de Marcia sans explication. Pourquoi ne sont-elles pas parties ensemble ? Pourquoi Florence a-t-elle suivi cette vie avec son mari au village ? Quelle ont été leurs vies pendant ces années ? Peuvent-elles renouer aujourd’hui ? Tant de questions dont les réponses se dévoilent au fur et à mesure de l’histoire…. Des émotions et sentiments vont refaire surface, poussant Marcia à se replonger dans des souvenirs douloureux.

À travers les magnifiques dessins de Jeanne Sterkers, Marcel Shorjian nous emmène dans cette histoire qui touche profondément. On parle ici d’amour, de relations qui n’avaient pas le droit d’exister, de honte, du poids de la famille, des violences aussi qui surviennent, des non-dits, des silences. Et puis on remonte aussi, un peu plus loin, dans l’Histoire avec des amours qui n’avaient pas le droit d’exister non plus et pour lesquels des femmes ont été maltraitées… C’est une parenthèse magnifique, un roman graphique très beau dont les ramifications sont profondes : l’Histoire, la famille, la ruralité, les amours interdits, les droits des femmes et le droit d’aimer les femmes, les mariages plus ou moins arrangés ou en tout cas avec lesquels on s’accommode parce que le village nous dit que c’est bien. Et puis choisir la vie, sa vie, peu importe l’âge. Une immersion dans la France rurale d’après-guerre, avec une homophobie qui ne se cache pas.