Die Wergelder tome 1
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 24 Janvier 2024
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Hiroaki Samura

Die Wergelder (Beageruta) est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu sept tomes à ce jour aux éditions Kodansha. Ce manga est né d'une plaisanterie de l'éditeur de Hiroaki Samura, à l'époque de L'Habitant de l'Infini, qui se demandait pourquoi le mangaka n'avait pas encore produit une "œuvre d'action avec des vêtements chinois". C'est ce que l'on peut déduire de la postface qui conclut le premier volume de Die Wergelder (littéralement, de l'allemand "wergerld : l'indemnité versée aux proches d'une victime de meurtre, soit par le meurtrier, soit par les proches"). Pour ceux qui connaissent Samura, au-delà de son titre le plus célèbre, la question de l'éditeur semble évidente, tout comme le titre de la série rassemble tous les éléments qui semblent fasciner l'auteur : la violence, le meurtre, l'argent, la vengeance et, par association libre, le sexe. Donc, non, ce n'est pas une bande dessinée pour les enfants. Après avoir lu "Bradherley no Basha" nous avons tous réalisé que Samura est un fan du genre Pinky violence, c'est-à-dire des œuvres basées sur l'érotisme et l'action, pleines d'éclaboussures, de vulgarité, de torture et de sexe extrême. Die Wergelder ressemble à un exemple typique, mais avec les merveilleux dessins de l'auteur et une intrigue plutôt complexe. Tellement complexe que l'on a du mal à tirer les fils de ce premier numéro. Les femmes semblent être les protagonistes. Dans une réalité dystopique, ou peut-être dans la nôtre, la confusion est volontaire, une prostituée borgne entend son client parler de l'île d'Ishikunagijima, un lieu secret au Japon où les femmes qui vendent leur corps bénéficient d'un traitement préférentiel. Ce n'est pas la première fois que les deux se rencontrent, des flashbacks nous ont montré un passé où l'homme a brutalement abusé de la femme, et maintenant elle cherche à se venger. Elle a une cicatrice en forme de croix à la place de l'œil gauche et de longs gants cachent une main mécanique d'une puissance incroyable : son désir de vengeance va bien au-delà de l'élimination de l'homme qui l'a fait souffrir.

Des familles de la mafia russe et japonaise sont également impliquées dans la guilde. Une autre femme, Shinobu, une fille malchanceuse comme beaucoup d'autres, mais plus rusée et sans scrupules que les autres, est chargée par les yakuzas de participer à une action d'espionnage qui les conduit sur l'île mystérieuse. C'est là que nous rencontrons pour la première fois le célèbre combattant au costume chinois : une machine mortelle utilisant un nunchaku modifié, auquel sont attachés des pistolets, rusée, rapide et sans pitié. Dans la confusion des images renvoyant au présent, au passé et à des moments parallèles, on comprend que ces trois femmes, ensemble et survivantes de l'affrontement d'Ishikunagijima, seront les pivots sur lesquels toute l'intrigue va s'articuler. Dans ce premier numéro, Samura introduit une myriade d'éléments qui trouveront leur explication au fur et à mesure que l'histoire se déroulera. Nous allons découvrir le passé du vengeur blond et de la Chinoise, et nous pouvons d'ores et déjà affirmer qu'il ne s'agit pas d'une histoire pour les estomacs fragiles. Outre l'histoire et son décor, c'est un plaisir de retrouver les dessins de l'auteur : l'image de la femme borgne ne peut que faire penser à l'immortel Manji, que nous avions adoré dans son premier titre, et l'agilité du Chinois nous renvoie directement à l'action étonnante des scènes de combat, qu'il avait déjà portées à la perfection dans ce même ouvrage. La qualité des planches est toujours très élevée, aussi bien lorsque le découpage des vignettes est dense, pour permettre au récit de se développer, que lorsque les pages s'ouvrent sur de grands carreaux lumineux pour exprimer le mouvement et la vitesse des gestes. Certes, il est parfois difficile de suivre les sauts temporels du récit, qui ne sont signalés par aucune convention graphique (comme l'utilisation de la représentation des flashbacks par l'assombrissement du bas de la page), mais cela rend le lecteur plus réceptif, lui donne envie de résoudre l'énigme au plus vite, et de comprendre le mystère derrière les événements, qui promettent une complexité encore plus grande. Samura sait alors toujours alléger le ton avec son style toujours ironique, jamais trop convaincu de lui-même, comme s'il disait " je vais te montrer ça, mais je ne sais pas si c'est vraiment comme ça ". Ce qui, pour moi, est l'élément qui sauve l'histoire, car nous n'aimons pas tous la violence de Pinky et en particulier la violence gratuite envers les femmes.

VERDICT

-

Die Wergelder est un ouvrage qui plaira ou déplaira beaucoup, mais d'excellente qualité, ce qui nous pousse à le comparer au livre "Millénium tome 1 : Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes", pas tant pour le contenu que pour la manière. Et Samura reste Samura.

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