Depuis quarante jours, la Laponie est plongée dans la nuit. Et dans cette obscurité étrange, les éleveurs de rennes ont perdu un des leurs : Mattis a été tué et ses oreilles, découpées... comme on le fait aux bêtes pour les marquer. Non loin de là, un tambour de chaman a été dérobé. Seul Mattis connaissait son histoire. Les habitants se déchirent : malédiction ancestrale ou meurtrier dans la communauté ? Et quand l'extrême-droite s'en mêle, tout se complique...

Le dernier lapon est un roman d'Olivier Truc publié en 2012. L’adaptation en BD est tout à fait réussie : le parti pris du noir, du blanc et d’un bleu gris dit bleu acier correspond bien aux tonalités des journées d’hiver du nord de la Scandinavie, quand la nuit s’étire sans fin et que l’on se demande si la lumière va revenir un jour…  Les personnages sont typés, presque jusqu’à la caricature : les nez sont proéminents, les cernes accentués, l’expressivité est très forte. L'intrigue, divisée en quatre chapitres, commence à Kautokeino, petit village norvégien de Laponie  centrale, par une histoire de tambour lapon volé au musée de Juhl et par le meurtre de Mathis, éleveur de rennes; on a retrouvé son cadavre sans oreilles… On les retrouvera plus tard, marquées comme celles des rennes. Le fil conducteur est bien celui du roman policier, avec les raccourcis inhérents au genre de la BD. On peut rajouter les conflits entre Norvégiens et Samis, le chamanisme encore présent, la rapacité de certains prêts à tout pour s’enrichir et on a tous les ingrédients d’un bon polar noir… Les policiers Klemet et Nina sont très attachants et sont à la recherche de la vérité qui finira par éclater avec le retour de la lumière : « le royaume de l’obscurité touche à sa fin. C’est la journée la plus extraordinaire de l’année, celle qui porte en elle tous les espoirs de l’humanité. Le soleil est en train de renaître. »