Goblin Slayer est une série adaptée d'un roman japonais (dix sept tomes à ce jour chez SB Creative). Le manga est toujours en cours de parution et comporte seize volumes actuellement aux éditions Square Enix. Une jeune femme connue simplement sous le nom de la Prêtresse a récemment atteint sa majorité et a du quitter son temple. Elle s'est rendue à la guilde des aventuriers dans l'espoir de devenir membre et d'aider d'autres groupes. Elle commence au bas de l'échelle, mais un petit groupe composé de gens de la classe inférieure comme elle l'invite à participer à une mission. Une mission pour tuer des gobelins qui sème la zizanie dans une ville locale, et puisque les gobelins sont des monstres de bas rang, pourquoi ne pas accepter cette quête ? Cependant, cette première soirée aventureuse va très mal tourner. Sauvée par un guerrier énigmatique appelé Goblin Slayer, la Prêtresse s'associe à son sauveur dans le cadre de sa mission d'extermination de tous les gobelins, par tous les moyens nécessaires. Quand les rumeurs sur les exploits de Goblin Slayer commencent à circuler, on ne sait pas ce qui pourrait se passer par la suite.

Le tome 16 de Goblin Slayer offre un point culminant palpitant à la saga de la forteresse gobeline, réaffirmant tout ce qui a fait de cette œuvre de Kumo Kagyu et Kousuke Kurose une référence de la dark fantasy contemporaine : stratégie méticuleuse, combats sans compromis, drame émotionnel et portrait brut de la nature humaine dans un monde impitoyable. Ce n'est pas le dernier tome de la série, mais il marque la conclusion de l'un de ses arcs narratifs les plus intenses à ce jour. Après les événements du volume précédent, Goblin Slayer et son équipe s'enfoncent dans les profondeurs d'une forteresse infestée de gobelins, suivant les indices d'une voix qui semble implorer de l'aide. La tension monte lorsqu'ils découvrent le passe-temps sinistre des créatures : un moulin utilisé pour broyer des corps humains et contaminer les eaux de sang. Cette découverte met non seulement en lumière la brutalité de leurs ennemis, mais force Goblin Slayer lui-même à s'interroger sur la frontière ténue qui sépare sa croisade de la monstruosité. La stratégie pour les affronter reste la marque de fabrique de la série. De l'utilisation de colle pour neutraliser les sentinelles au plan d'inondation de la tour par détournement des eaux souterraines, tout répond à la logique froide de notre protagoniste, qui privilégie toujours l'efficacité à la sensibilité. Le moment le plus tendu survient lorsque le groupe atteint le sommet de la tour, où une armée menée par un chaman gobelin, déterminé à assouvir sa vengeance sur les humains et la Vierge à l'Épée elle-même, les attend. Les combats spectaculaires et époustouflants montrent les aventuriers sous leur meilleur jour : le Prêtre Lézard et le Chaman Nain encadrent, l'Archère Elfe priorise les cibles clés et la Prêtresse couvre tout le monde de miracles. Cependant, lorsque la Prêtresse perd sa concentration à cause de la peur, la situation semble basculer en faveur des gobelins. Coup de théâtre : elle parvient à inverser un miracle de Purification pour infliger des dégâts au chaman, utilisant l'eau bénite comme arme mortelle. Cet instant, chargé d'ambiguïté morale, renforce son caractère et lui permet de surmonter l'une de ses plus grandes peurs : trahir son équipe. Le Tueur de Gobelins, dans une rare démonstration de tendresse, la félicite et la réconforte, réaffirmant la relation de confiance mutuelle qu'ils ont forgée depuis leur première rencontre.

Malgré le ton sombre, ce volume laisse place à des moments de complicité entre les personnages. Des commentaires taquins du Chaman Nain sur les projets de mariage de l'Archer Haut-Elfe à la conversation entre l'archer et le Tueur de Gobelins, l'équipe démontre que leur lien va au-delà de la simple coopération. Le mariage de la sœur de l'Archer Haut-Elfe, après la mission, offre un répit lumineux à la fin du volume, où tous les personnages profitent des festivités et réfléchissent à leur propre place dans le monde. Le Tueur de Gobelins et l'Archer Haut-Elfe échangent des mots sur leur famille, les lettres jamais envoyées et la difficulté d'exprimer leurs émotions. C'est dans ces petits détails que la pièce brille, nous rappelant que même les plus aguerris conservent une âme humaine. Graphiquement, le tome 16 conserve son niveau habituel. Les scènes de combat sont brutales et dynamiques, pleines de détails tactiques et de sang. La forteresse gobeline, décadente et étouffante, contraste avec la beauté éthérée du village elfique lors du mariage. La capacité de Kousuke Kurose à alterner brutalité et délicatesse reste l'un des plus grands atouts de la série. Pour les fans de la série, ce tome est incontournable : non seulement pour son action trépidante et ses stratégies astucieuses, mais aussi pour ses petits gestes et ses dialogues qui approfondissent la psychologie des personnages. Et pour ceux qui ne l'ont pas encore découvert, il rappelle parfaitement pourquoi Goblin Slayer reste l'une des meilleures séries de dark fantasy du marché.