1963. La France créé le Bumidom, le bureau pour le développement des migrations dans les territoires d'Outre-Mer. Au total, près de 170.000 domiens vont émigrer dans l'Hexagone entre 1963 et 1981, soit 76.583 Réunionnais, 53.505 Guadeloupéens, 43.516 Martiniquais et 2.695 Guyanais. Cet exode d'État a abouti aujourd'hui à la création de communautés de migrants français d'origine antillo-guyanaise (390.000 natifs de ces DOM et leurs enfants) et d'origine réunionnaise (environ 390.000). La première catégorie a été essentiellement recrutée dans les emplois non qualifiés de la fonction publique en région parisienne, la seconde comme ouvriers peu qualifiés dans l'industrie et le bâtiment en province. Aujourd'hui encore,, l'émigration semble la seule solution pour un jeune qui veut espérer réussir sa vie. L'auteur nous rappelle que près de la moitié (48%) des 20 à 34 ans nés aux Antilles vivent en métropole et, que le taux d'emploi global dans les outre-mer n'a jamais été de plus d'un actif sur deux ... ce qui était déjà vrai il y a quarante ans.

Incontestablement documenté et complet, Peyi an nou est un roman graphique de 208 pages très personnel pour Jessica Oublié, puisque elle est elle-même une de ces descendante de personnes nées outre-mer et qui sont venues dans l'Hexagone par le biais du Bumidom. Après avoir écouté l'histoire de son grand-père guadeloupéen, elle a multiplié les entretiens et chacun fait part ici de son expérience et de sa confrontation au racisme dans l'Hexagone. Le dessin de Marie-Ange Rousseau est une grande douceur et met parfaitement en images la teneur des propos.