Scénario et dessin : Bones
Résumé : 15 avril 1919, l'armistice a été sonné. Un sous-marin allemand s'échoue sur une plage anglaise. Nuit après nuit, attirés par un appel lugubre, les habitants s'enfoncent dans la noirceur de l'océan. Trois années après les événements contés dans "Dessous la montagne des morts". Bär fait maintenant partie d'un service spécial allemand détaché pour enquêter sur un U-boot échoué sur la côte. Les autorités y ont trouvé ce qui semble être une larve. Bär demande à Gaspard de l'étudier. Pour celui-ci, il ne fait aucun doute, il s'agit de la même créature. que dans l'épisode de la Guerre des Tranchées. Ensemble, ils fouillent l'épave du sous-marin et y découvrent le journal de bord du commandant. Ils y apprennent que, durant le voyage, l'équipage a été pris d'un étrange mal. Tous contaminés un par un, les marins semblant subir des mutations. Il n'y a plus aucun doute : la créature monstrueuse est de retour !
Et si la guerre transformait n’importe quel être humain normalement constitué en monstre ? Cette thèse profonde, que le lecteur ambitieux soutiendra prochainement à l’université Bernard Menez de Lamotte-Beuvron dès qu’il se sera abonné à Philosophie Magazine, pourrait résumer les deux tomes de cette série. Avec un titre aussi optimiste que " Un Océan de Souffrance", étonnamment écrit au singulier vu ce qui attend les protagonistes, le lecteur en recherche de bonheur est invité à repasser, s'il comptait goûter à autre chose qu'aux conséquences traumatiques de l’après-guerre (la première) sur la psyché et le physique humains. L’auteur, Bones (Frédéric Bonnelais pour les impôts), y développe un style de dessin influencé à la fois par Mike Mignola et José Muñoz. Ce qui donne un résultat graphiquement assez convaincant, même s’il faudra affiner les visages de certains personnages. Y compris ceux dont le visage reste constamment dans la pénombre. Probablement parce qu’avec la guerre ils ont perdu leur humanité (ou une bonne part de celle-ci). Le lecteur parfois taquin aime à sur-interpréter. Le côté lovecraftien du premier volume se voit ici atténué au profit d’un rapprochement avec Jules Verne (20.000 Lieues sous les Mers) couplé à une esthétique rappelant (entre autres) La Ligue des Gentlemen Extraordinaires.
VERDICT
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Le résultat sans être follement original se laisse lire sans déplaisir, même si un (gros) effort scénaristique serait le bienvenu. Peut-être que la maison d’édition Sandawe, malgré une ambition louable axée sur le mode participatif, aurait du consacrer un peu plus de temps à l’aspect éditorial de ses publications (le fond) plus qu’à la mercatique financière (la forme).