Le monde à tes pieds nous propose de suivre le parcours de trois jeune gens, Carlos, David et Sara, qui tentent de survivre dans une Espagne en proie à la crise économique. Malgré ses diplômes d'ingénieur, David peine à trouver du travail et est ainsi devenu vendeur dans un magasin de prêt-à-porter. Il a aujourd'hui reçu une offre d'emploi d'une entreprise située en Estonie. Quitte le pays risquerait de mettre son couple en péril, son compagnon Diego n'ayant pas du tout envie d'une relation à distance. De son côté, David est au chômage depuis quatre ans et il a été obligé de retourner vivre chez sa mère. En attendant, il s'occupe comme il peut de son grand-père grabataire, et il se fait entretenir par des quinquagénaires en mal d'amour. Lui qui rêve d'une vie sentimentale normale, il ne semble pas prêt de la trouver. Quant à Sara, elle semblait promise à un brillant avenir après avoir remis un éminent mémoire de fin d'études à l'université. La crise économique en décidera autrement, et la jeune femme est finalement devenue une démarcheuse téléphonique qui a bien du mal à joindre les deux bouts. Heureusement, elle pourra compter sur sa belle-famille pour régler les factures du quotidien. Bref, si les trois protagonistes de l'intrigue ne se connaissent pas, ils partagent tous le même mal-être ...

La crise de 2008 a laissé l'Espagne dans une situation économique exsangue. En février 2017, le taux de chômage des jeunes atteignait les 41,5% contre 23,6% en France. Dans un pareil contexte, difficile de penser à son bonheur personnel, il s'agit avant tout de survivre dans un pays qui se délite. L'auteur ibérique Nadar nous livre ici un roman graphique particulièrement touchant (et parfois très déprimant). Les trois protagonistes sont clairement au bord du gouffre, et leur situation a des répercussions évidentes sur leur vie sentimentale et familiale. Les couples se déchirent, les amitiés sont mises à mal, la famille ne comprend pas toujours les choix effectués par la jeunesse (ce qui créé des tensions), bref, le manque de liquidité oblige à prendre souvent des décisions radicales. Le dessin affiche quant à lui un style semi-réaliste très réussie.