Scénario : Muneyuki Kaneshiro
Dessin : Kensuke Nishida
Jagaaan (Jagaaaaaan) est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu sept tomes à ce jour aux éditions Shogakukan. Shintarô Jagasaki est un policier médiocre travaillant dans un petit poste de quartier. Il passe ses journées à se faire humilier par les voyous et ses collègues du commissariat, il ne montre pas non plus assez d'autorité à sa petite amie avec qui il vit. Pourtant, un sentiment d'oppression l'écrase, il ne sent aucune perspective dans sa vie et il n'a pas la volonté de changer. Mais un jour, après une pluie bizarre de grenouilles, les gens qui l'entourent commencent à se transformer et deviennent d'horribles créatures assoiffées de sang. Les grenouilles ne sont que des parasites prêts à se glisser dans le système nerveux des hommes pour prendre possession de leur subconscient. Si Shintarô est également infecté, le symbiote qui a envahi son corps est toujours à l'état larvaire de têtard, donc incapable d'affecter le cerveau de son hôte. Le garçon découvre bientôt qu'il possède des facultés extraordinaires lui permettant de transformer ses membres en armes à feu redoutables, devenant Jagaaan celui qui est prédestiné à libérer l’humanité de la peste tombée du ciel. Sur le chemin, sa volonté sera conduite par un étrange hibou qui parle, Doku , et il comprendra qu'il n'est pas le seul à avoir développé des super pouvoirs liés au parasite tout en préservant l'usage de la raison.
Dans le cinquième numéro de Jagaaan, l'histoire des Heiwa Happyness Heroes arrive à la conclusion la plus tragique possible, après que dans le numéro précédent le fou Chiharu (clairement le Joker de la situation) ait libéré les grenouilles folles sur la foule rassemblée lors de la réunion. Nous allons compter de nombreuses pertes, certaines décidément importantes. Et notre Jagasaki sera obligé de pousser sa mutation au maximum, afin de contrer ce qui est sans aucun doute l'ennemi le plus puissant à ce jour… dans une bataille douloureuse qui ne vous fera pas regretter le kaiju eiga de Godzilla ! Enfin, nous assistons à une évolution très intéressante du personnage de Motomu Robamata, appelé Roba... oui, celui qui a acquis le pouvoir de coucher avec qui il veut, essentiellement. Y a-t-il encore de l'espoir pour cet ancien freeter déprimé, qui malgré tout n'avait toujours pas de but (à part les relations charnelles) dans la vie ? Qui sait !
VERDICT
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La beauté de Jagaaan est fondamentalement la suivante : derrière l'apparition de l'horreur corporelle, des mutations parmi les plus folles et grotesques (et clairement allégoriques) jamais vus, et beaucoup de "sex shot" (règles ecchi), le manga réussit à mettre tant de satire amère et piquante sur la société japonaise, ses ampleurs et ses misères; ainsi que quelques réflexions, pas du tout triviales, sur le superhéroisme en tant que sommet symbolique de l'humain au-delà de l'humain. Toujours fortement recommandé !