Cirù, 15 ans, est un petit caïd. Son destin semble tout tracé : la cellule ou le cercueil. Cette nuit-là, il se retrouve à l’Onpi, un immeuble squatté, au moment même où la police l’encercle et décide d’en expulser les rares habitants qui l’occupent encore. Le set-up est le même que le film “Rec”, mais la ressemblance s’arrête là. Un véritable huis clos s’engage entre les habitants qui résistent à la police dehors, et découvrent leurs lourds passés en même temps. L’histoire se passe à trois périodes entre le passé, le présent (avec le siège de l’Onpi) et le futur (au moment où le narrateur raconte l’histoire). Un des personnages principaux est ce peintre fou dont les peintures viennent ponctuer les chapitres. Tout est fait pour qu’on pense que ce peintre existe vraiment (qu’en est-il réellement?). En tout cas cela vient bien casser le style bichromique de la BD.

C’est la deuxième collaboration entre Nardella et Bizzarri après “La Cité des Trois Saints” (sélectionné pour le Fauve Polar SNCF d’Angoulême en 2018), deuxième fois qu’ils abordent la thématique des banlieues du sud d’Italie. Le dessin s'avère très intéressant, réaliste dans les décors, anguleux voir déformé dans les personnages. On pense un peu aux dessins de “RIP” en lisant “Les Assiégés”. Les peintures qui annoncent le chapitre suivant sont à chaque fois vraiment magnifiques. Le choix bichromique nocturne fonctionne évidement très bien et cela rajoute du côté un peu crade à tout ça. Cet ouvrage unitaire reste assez court pour un roman graphique, ce qui est agréable.